Les 72 Noms de Dieu, dont dérivent les 72 Génies de la Kabbale
chrétienne et occultisante, ont toujours fait rêver les mages,
magiciens et occultistes, modernes ou anciens.
Le Shem haMephorash dont la connaissance fut possible grâce aux
commentaires du Rashi, se retrouve, dès la Renaissance, dans les
oeuvres de Cornelius Agrippa, de Pic de la Mirandole et des autres
philosophes de l'hermétisme. On retrouvera plus tard ces 72 Génies
dans de nombreux grimoires et ouvrages de magie ou même de
sorcellerie !
Au 19e siècle, les membres de diverses sociétés occultes et
pratiquant la magie cérémonielle tentèrent de récupérer ces 72
Génies en les incorporant dans leurs cérémonies et rituels. Biensûr,
ils se gardèrent bien de donner à leurs adeptes l'origine de ces
« génies ». En France, on vit même paraître un ouvrage dédié à la
Kabbale pratique cherchant à nous faire croire que les 72 génies ou
Noms divins participaient des rites d'illustres ordres. Son auteur,
Robert Ambelain pour ne pas le citer, sera même assez charitable
pour nous donner les sceaux associés à 72 esprits, avant il est vrai
de se rétracter et d'annoncer dans les rééditions le caractère
démoniaque de ces sceaux (!)
L'occultisme contemporain ne restera pas en marge de cette
récupération, puisqu'aujourd'hui, on trouve dans toutes bonnes
librairies ésotériques de gros livres nous vantant les vertus de ces 72
anges et de leurs implications dans notre vie de tous les jours.
Grâce aux travaux d'auteurs modernes comme Aryeh Kaplan, Uri
Raz et Virya, mais aussi en retournant aux ouvrages de Reuchlin et
d'autres kabbalistes chrétiens, nous pouvons aujourd'hui voir une
parcelle de la « vérité » dissimulée derrière ces Noms qui devinrent
esprits, puis anges puis sources de profits pour des auteurs aimant
profiter du besoin de merveilleux de l'homme de notre siècle.