Guy Tirolien naît le 13 février 1917 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Après des études secondaires au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, où il rencontre, pour une amitié au long cours, Albert Béville (Paul Niger), il part en France en 1936. À Paris, il prépare le concours d'entrée à l'École Nationale de La France d'Outre-mer au Lycée Louis-le-Grand.
Guy Tirolien fait la connaissance de Léopold Sédar Senghor en 1940 dans le stalag où ils sont prisonniers des Allemands. Libéré en 1942, Tirolien participe à l'ébullition de la Négritude qui aboutit à la création de Présence Africaine. De 1944 à 1960, il est administrateur de la France d'Outre-mer en Afrique : en Guinée (chef de subdivision de Dubréka, affaires économiques à Conakry) ; au Niger (chef des subdivisions de Dakoro et de Maïnè Souva) ; au Mali (chef de subdivision de Djéné, adjoint au commandant cercle de Gao) ; et en Côte d'Ivoire (chef de subdivision de Touba, de Lakota, adjoint au commandant de cercle de Séguéla). Tirolien prend une part active dans la vie du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), parti anticolonialiste fondé en 1946.
En 1961, il publie son premier recueil de poèmes, Balles d'or, chez Présence Africaine à Paris. Il reste dans l'administration dans les pays indépendants : au Niger, il est Commissaire à l'information culturelle (1961-1965), ensuite, il est représentant des Nations-Unies au Mali (1965-1970) et au Gabon (1970-1973). Il est Conseiller culturel du deuxième Festival Mondial des Arts Nègres au Nigéria (1975-1976).
En 1977, Guy Tirolien publie Feuilles vivantes au matin, recueil de poèmes et de nouvelles. En juillet, il s'installe en Guadeloupe où il livrera, sans succès, une joute électorale lors des législatives de mars 1978 avec la volonté affirmée de donner au peuple guadeloupéen « un pouvoir de décision en négociant, par les voies démocratiques, les moyens qui lui permettront d'avoir prise directe sur ses propres affaires ».
Guy Tirolien meurt le 8 mars 1988, les yeux fixés sur « l'azur menteur de la mer Caraïbe » depuis son île de Marie-Galante.
Black Beauty |
Tes seins de satin noir
frémissant du galop de ton sang
bondissant
tes bras souples et longs dont le lissé ondule
ce blanc sourire
des yeux
dans la nuit du visage
éveillent en moi
ce soir
les rythmes sourds
les mains frappées
les lentes mélopées
dont s'enivrent là-bas au pays de Guinée
nos sœurs
noires et nues
et font lever en moi
ce soir
des crépuscules nègres lourds d'un sensuel émoi
car l'âme du noir pays où dorment les anciens
vit et parle ce soir
en la force inquiète le long de tes reins creux
en l'indolente allure d'une démarche fière
qui laisse –
quand tu vas –
traîner après tes pas
le fauve appel des nuits que dilate
et qu'emplit
l'immense pulsation des tam –
tams
en fièvre
car dans ta voix surtout
ta voix qui se souvient
vibre et pleure ce soir
l'âme du noir pays où dorment les anciens –