LA NATURE DU CHAMIR
Le chamir (venant du mot araméen chamira et signifiant « comme un silex ») était un organisme surnaturel. En hébreu biblique, le mot chamir a été utilisé dans deux sens : soit une pointe faite d’une substance très dure (Jérémie 17,1) soit des épines acérées (Isaïe 5,6).
Chaque tradition, qui parle du chamir, fait référence à sa capacité de transpercer les surfaces dures. Le « regard » du chamir surnaturel peut tailler de grandes pierres. Le Talmud puis, plus tard, de grands rabbins ont décrit comment le chamir, en passant le long de la surface d’une pierre, peut la fendre de manière parfaite en deux morceaux.
Le chamir était-il un minéral, une plante ou un animal ? Dans une légende abyssinienne, il est supposé avoir été une sorte de bois ou d’herbe. Maïmonide cependant et Rachi estiment qu’il s’agissait d’un animal vivant. Le Talmud affirme que c’est le « regard » d’une créature vivante qui provoquait la cassure de bois ou de pierre. Néanmoins, dans le Testament de Salomon une œuvre pseudépigraphique, le chamir est considéré comme une pierre précieuse verte, similaire peut-être au pitda - topaze - serti dans le pectoral du Grand prêtre, représentant la tribu de Siméon.
Aussi petit qu’un grain d’orge (moins d’un centimètre), le chamir n’avait pas une apparence suscitant l’inspiration. Son essence surnaturelle venait du fait qu’il avait été créé au crépuscule, la veille du premier chabbat, pendant les Six Jours de la Création. Selon Rabbi Ba’hya dans le Talmud, le chamir fut utilisé la première fois du temps de la construction du Tabernacle afin de graver les noms des tribus sur les pierres précieuses enchâssées dans le pectoral du Grand prêtre.
On ne pouvait pas garder le chamir directement dans n’importe quel type de récipient en métal, y compris le fer, qui aurait pu être fendu. Aussi, pour en assurer la conservation, était-il enveloppé dans de la laine et placé dans un récipient en plomb, rempli de son d’orge (Talmud Sota 48b). On avait choisi spécialement ce métal car aucun autre matériau n’aurait été capable de résister à son pouvoir de pénétration.
Les dirigeants des Cananéens ainsi que des autres nations réalisèrent la valeur du chamir mais ne purent jamais le localiser. Le Midrach raconte que même le roi Salomon n’avait aucune idée de l’endroit où le trouver quoiqu’il sût en avoir besoin pour construire le Temple. Afin de se le procurer, il parcourut le monde, au point même de prendre contact avec des démons. Créés également à la tombée du jour la veille de Chabbat, lors des Six jours de la Création, ces êtres avaient tant soit peu une relation avec le chamir et les autres phénomènes surnaturels créés pendant ce crépuscule exceptionnel. Toujours d’après le Midrach, Salomon consulta le roi des démons; celui-ci n’était pas en possession du chamir mais savait que l’ange de la mer l’avait donné à la huppe (dou’hifat Lévitique 11,19), un oiseau qui en avait besoin pour survivre. Finalement, le roi Salomon le lui prit.
Le chamir ne fut employé par l’homme que dans la construction du Tabernacle et du Temple. Les êtres surnaturels créés par D.ieu pour des fonctions bien spécifiques ne subsistent pas éternellement. La Michna (Sota 9 :12) affirme que le chamir a existé jusqu’à la destruction du deuxième Temple. Les Tossafot (sur le traité Guittin page 68a), disent que le chamir existait pendant l’ère moderne. Selon une Tossefta (commentaire de la Tora qui n’a pas été introduite dans la Michna), le chamir disparut après la destruction du Temple, car on n’en avait plus besoin. De la même manière, le Ta’hach, créé afin que sa peau soit utilisée pour le Tabernacle, disparut dès l’achèvement de sa construction. Considéré comme un animal casher, le Ta’hach ressemblait à une licorne, avec une corne unique sur le chanfrein (Chabbat 28b).
http://www.lamed.fr/societe/science/1953.asp
http://satori.ouvaton.org/salomon.php