Je sais des arbres Striés de leur corps à corps avec les vents Et certains dont les têtes résonnent Des contes de la brise D’autres solitaires et debout Défiant le sol renégat Et d’autres qui se ressemblent Autour d’une maison grise Je sais des arbres Qui s’humilient au pied des eaux Pour l’amour de leur image Et ceux qui secouent d’arrogantes chevelures À la face du soleil
Je sais des arbres Témoins de très anciennes naissances Et qui redoublent de racines J’en sais d’autres qui expirent Pour un frôlement d’aile
Je sais des arbres vains et qui ne sont Que feuilles Tous ils ont trop vécu Sur la terre des hommes.
Andrée Chedid ("Textes pour une figure, 1949" et "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)