Il est un monde ignoré de tous les vivants Le mien ! Jamais on n'a vu pareils sortilèges Que dans mon royaume et les plus vieux sortilèges Y reposent joyeux Parmi les savants de la mort
Lecteur, il te suffit de me lire pour croire En moi-même L'adolescent maudit partage l'écumoire Du Blasphème.
Oh je sais ma jeunesse fait rire et le mal Qui m'entraîne offre tant de plaisir que l'ivrogne Buvant mon destin boit le vin d'une charogne Et ne peut s'arrêter de sucer l'animal
Lecteur, sale ivrogne je suis ta charogne
Ma poésie enfreint les lois de la nature Ose !
Baigne-toi dans le venin purulent Des catacombes, mon Royaume, Alors, sanglant Le double, tu verras l'horreur, la pourriture L'infâme Danser avec ton âme !
L'adolescent partage, il veut donner sa vie Aux monstres du charnier Personnage ordurier Qui me boit, viens sentir,l'atmosphère asservie De la fiente
Le parfum miasmatique émane des cadavres Et son odeur maligne enfante les cancers Torpides. Par millions les larves s'agglutinent Et tapissent les chairs en pustules kystiques
Voici L'Aléthéia. Mon corps, mon esprit se décomposent Mon haleine fétide Se mêle à l'encens noir. Ma voix chante un requiem. Je suis Le Mort vivant Parmi les morts et les vivants. Autour et en moi grouille la vie Insoupçonnée.
Vois - Les cancrelats, les vers se multiplient sans cesse, ils rongent, ils dévorent avec une ardeur indéfinissable. Une ardeur divine ! Leur tâche est immense, horrible. Jamais ils ne meurent, jamais ils n'abandonnent. - Vois cette leucorrhée jaunâtre qui m'embaume - Vois l'étrange moisissure aux couleurs d'enfer. Vois Mon royaume et le tien Car ils naissent dans toi « les savants de la mort »
Voici L'aléthéia L'unique Maintenant qui ose prêcher l'amour le bonheur, la vertu ? Qui ? Sans oublier mon poème.
J'ai quinze ans, rêvez auprès de ma dépouille... Ma dépouille.
Baudoin Cagneaux