Le drame de la Mer,
L'intranquillité de la Mer,
toujours
toujours
en nous !
La Mer !
qui entoure,
relie nos îles,
ronge les roches de nos îles !
Laisse l'émail du salpêtre sur les faces des pêcheurs,
ronfle sur les sables de nos plages,
heurte de sa voix les montagnes,
secoue les barques de bois qui fréquentent ces côtes
La Mer !
qui met des prières sur les lèvres,
laisse dans les yeux de ceux qui sont restés
la nostalgie résignée de pays lointains
qui nous parviennent dans les gravures des illustrations
dans les films de cinéma
et dans cet air d'autres climats qu'apportent les passagers
quand ils débarquent pour voir la pauvreté de la terre !
La Mer !
l'espérance de la lettre de loin
qui n'arrivera peut-être plus !
La Mer !
regrets des vieux marins racontant des histoires de temps révolus,
des histoires de la baleine qui un jour renversa le canot
de beuveries, de rixes, de femmes,
dans les ports étrangers
La Mer !
en nous tous, dans le chant de la Morna,
dans le corps des jeunes filles brunes,
dans les hanches agiles des noires,
dans le désir du voyage qui peuple les rêves de beaucoup de gens !
Cette invitation à toute heure
que la Mer nous fait pour l'évasion !
ce désespoir de souhaiter partir
et d'avoir à rester !
Jorge Barbosa