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Lettre à Martin Niemöller et à Mordekhaï Gebirtig

La clarinette de David Krakauer pleure
comme hurlerait un chien,
son os de vie planté en plein cœur.

«Ils brûlent brûlent notre bon village,
proie des flammes, proie de carnage… vent de haine …
C’est toute notre vie qui brûle»*1

La voix de Catherine Ringer résonne
comme crépite le cri d’une femme
dévorée par d’atroces mémoires

Sa voix martèle et forge mes mots
le verbe compressé résonne
sur l’étendue d’un cri plus long que les décennies

Ailleurs et ici les hurlements mutilés
portent la plainte de peuples qu’on assassine
de femmes que l’on souille et d’enfants volés que l’on fait soldats

Ailleurs et ici sa chanson court comme un linceul blafard
posée sur l’agonie de l’Orient
sur des hommes esclaves et d’autres qu’on décapite

Dans un siècle qui rumine ses silences
la voix de Martin Niemöller*2
ne cesse d’embusquer son poème

Aux apothéoses de la mort
la haine n’est pas morte et les consciences incertaines
ferment les douleurs trop lointaines

Quand ils sont venus chercher les yazidis,
encore une fois, Martin
nous avons fermé les yeux

Quand ils sont venus chercher les chrétiens,
encore une fois, Martin
nous avons éteint nos cœurs

Quand ils s’en sont pris à nos enfants,
alors, nous avons tremblé

Tu vois, Martin,
L’Histoire ne nous apprend rien.

Les barbares sont à nos portes

 

Jean Michel Sananes



——————————————-


*1Mordekhaï Gebirtig, poète auteur du poème : Ça brûle
*2Martin Niemöller, pasteur et poète au célèbre poème : Je n’ai rien dit

Tag(s) : #Dans mon grenier, #Jean Michel Sananes
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