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Orchidée nègre tresse sauvage de mon désir   
tes yeux de foudre en vacances rejettent l’ailleurs
saignant le pain de mes guitares
voleuses d'été de tous mes lieux de pierres
Quand ma mémoire en friches prend appui sur le zinc
tes raisins bousculent mon rhum
Ah ! droiture des mots par-dessus les tuiles
que la vie est belle   
quand tu défais ta blouse drogue des yeux
et que ma charge de paysages
chante son air de flûte
Et quand tu fais glisser ta jupe
mon chapeau de paille-flamme
vole jusqu'au mât des oiseaux
coiffe les tours pressées de l'église paroissiale
et la ville laisse couler sa géographie
qui nous emporte
petites ruelles aux mains chaleureuses des portails
pavés luisants qui lorgnent sous la robe des femmes
jardin d'adolescents qui se flairent et se mesurent
et l'unique terrasse de San Miguel de Allende
danse sa gigue
entre touristes qui vont et viennent
dans le lent midi mexicain

Orchidée nègre
la vie est douce quand tu t'allonges à mes côtés
et lorsque ton miracle écarte son amande
le ciel nous tombe sur le tête
Tous les fantômes nous font face
et cette même voix vorace avide
nous parle entre épiderme
éblouissant l'absence des montagnes
Et face à face dans notre rire mûrissant
nous reprenons mesure exacte de notre profondeur
et la sagesse entre nous deux élève son épi
et de nouveau nous habitons nos sexes vierges
dans leur imprenable vision
J'écoute alors la pluie jouer avec ma joie
La montagne retrouvée dresse ses pins
entre nos murs en construction
Sueur et sang mêlés
nous refaisons les premiers pas du Paradis perdu
danse où l'eau se dévide de son lit

Orchidée nègre
secrète parure exhibée sans pudeur fausse
quel oiseau en reconnaissance de dettes
te laisserait gage de plumes et d'ailes
en toute décence tout appétit
Dans le drap du plaisir
et le temps si longtemps attendu
du pas de deux sur nos plages altérés
Il n'y a place que pour l'échange et le partage
et nos variables géométries
s'ajustent et se complètent

Cœur de dérive en robe de déraison
ah que la vie est douce au creux de ton amande
Orchidée toujours parée comme pour la noce
de nouveau nous habiterons nos sexes vierges
et de nouveau nos gestes emprisonnés
s'épanouiront en toute licence
dans la fidélité du sel et l'indulgence de l'encre

Orchidée nègre Pierre en attente
très peu je te laisse
Le chant de la fontaine dans la complicité de l'eau
Le jardin de nos mains
où le Présent entre tes seins fait son soleil
Peu très peu Orchidée nègre
Je te laisse mon testament de grenades
grains receleurs du jus doux-acide
et mon désert de l'écriture
ou parfois pousse une oasis

Anthony Phelps 1987
 
 
Tag(s) : #Anthony Phelps, #Dans mon grenier
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