Lus allongés quelques mots d'hier
Immobiles, à l'éclat des nuages
Vibraient les pages du Livre sans âge
Le seul héritage du peuple fier.
Ils y disaient l'origine de l'orage.
Sous les farouches lueurs du présage
Un doigt lisant, digne et scolaire
Suivait la ligne qui tolère le noir des signes
Enroulés aux pampres de la vigne
Et terrible, et sucrée, du temple indigne
Des cieux menaçants de saintes colères
Vint l'éclair lumineux et mortel
Prompt javelot, le cri d' Eternel
Fit taire les petits oiseaux du ciel.
Au temps suspendu du silence
Le vent n'accrocha qu'un grain d'encens
Comme un parfum d'imminence.
Dans un fracas d'apocalypse
Sur les blés et les ceps des rois
Sur les toits des temples, les bois
Sacrés, dans l'abreuvoir de l'agnelle
S'abat, s'abat bénie du cabaliste
L'humble offrande spirituelle
D'une eau claire qui ruisselle.
Pierre Delcros