Ce soir encore il attend.
Oh ce n'est même plus vraiment pénible cette attente, du moins c'est ce qu'il se dit. Car il s'en dit des choses désormais, il s'en raconte, il se peuple l'esprit. Sa tête est un grand hall de gare où déambule une foule disparate et fugitive...
Il ne sait plus. Il lui reste une lueur lointaine qui vacille. Il attend, nuit et jour, qu'elle s'éteigne ou reprenne vigueur...
Il attend des trains dont personne ne descend, il regarde les heures sans les compter, il ne sait plus compter...
Il attend sur la sellette comme un prévenu en attente de jugement, en attente d'un verdict auquel sa vie future est suspendue...
Sa vie future, ça le fait sourire lui pour qui ce mot a perdu toute substance, coincé qu'il est dans cet éternel présent qui résume son attente.
Mais qu'attend-il ?
Qu'espère t-il ?
Depuis le temps qu'il attend, il ne sait plus vraiment, et cette seule pensée lui donne le vertige...
Il se raconte, des mots au hasard qui résonnent au silence de sa tête vide.
Elephant... Pyramide... Poisson rouge...
On dit que les poissons rouges ont une mémoire de trois secondes,quelle chance. Il enchaine,
Hypodrome, Syndrome, Stockholm... Jan Erik Olsson. Patricia Hearst.
Pourquoi ces gens viennent ils le hanter ?
Il se secoue, s'arrache à son attente se déplie, se force à regarder en dehors, autour...
Reprendre pied, respirer, bouger, oublier les quais de gare fut elle de Stockholm...
Ah, tendre... Vous l'aviez mis en garde ! Mais il n'entendait pas...
Vous lui aviez dit que les prisons parfois n'ont pas de murs.
Qu'on ne pouvait s'évader comme ça, sur commande....
Mais il n'entendait pas comme il n'entend pas encore aujourd'hui...
Il préfère attendre, encore, demain, jusqu'à la fin de l'attente... Cette attente...
Cette douleur lancinante de l'incertitude qui l'emprisonne, si familière qu'il finit par la réclamer, la désirer, comme une preuve de la déchirure qui se cache et murmure...
Alors lui, l'incrédule, se tourne vers le ciel et prie pour que cette attente enfin s'achève...
Puis il attend, dans cette gare dévastée, des trains qui ne viendront plus.
Loran