Le jardin chaud, repu de soleil, accablé
De trop de jour, s’affaisse. Et les roses, en touffes,
Manquant d’air, à l’étroit dans leurs parfums, étouffent.
Un rosier feu met des carmins acidulés
Dans le grenat béat des pivoines bourgeoises.
Là sont les roses thé qui sentent la framboise.
Et voici, dominant, les couleurs, les odeurs,
La rose rose, belle avec tant de splendeur
Qu’auprès d’elle on se sent l’âme plus roturière.
L’arrosoir sec fait regretter le jardinier.
Aveuglé par tout ce tapage de lumière,
On voudrait s’abriter du ciel et des rosiers …
Mais déjà Marthe a préparé, dans la cuisine
Où les carreaux lavés à grande eau sont mouillés,
Des fraises frais cueillies, du lait et des tartines …
Et mis à égoutter sur des claies les caillés.
Paul Géraldy