La Voix lente dans le Désert disait :
De corridor en corridor implacablement nous marchons
vers la lumière traînant une nostalgie sans âge
innombrable comme la mer. Des inconnus sont nos
compagnons de voyage sur les sables mouillés des matins
dans des flaques de soleils éperdus à midi
Celui qui tout le jour a marché avec moi dans la plaine et
m’appelait son frère me quitte loin avant la Montagne
Promise la montagne promise donne sur une autre plaine
immense comme mon désespoir.
Des millénaires bruissent dans mes veines
Je me souviens d’une longue nuit…
Et la Vie est un coquillage que la Mort fait chanter
Parfois un Serpent me tourmente qui me guettait depuis
les profondeurs anténatales. Et je traîne à midi une peur
sans raison
Adieux roux des crépuscules d’automne
Quel tzigane pleure dans mon sang brun
De mon bâton d’aveugle je fouille dans le nuit lente de
l’Abîme
Cherchant un enfant habillé de lumière
Enfance aboi muet ô rêve dépassé
La nuit j’ai rendez-vous avec la lumière dans un no man’s
land lourd de possible impossible
Et je parle à mes fantômes. Et je parle à mon fantôme
Le langage du silence
Comme autrefois
La lumière alors s’éparpille et devient brouillard
Et je deviens brouillard
Et tout recommence
Au creux des longues nuits
J’entends la meute du Passé
Mon âme se souvient
D’une grande aube mauve
Ainsi parlait la Voix dans le Désert. Elle avait des
résonances étrangement monocordes et me parvenait en
faisceaux de murmures comme bruissements de conques marines
Je m’endormis traversé d’interrogation. Car tout ce que
disait la Voix était Interrogation…