S’il faut une couleur
à l’encre sur la page
qu’on me traduise en fleur
en caresse en baiser
en jargon de galet
en rime de Cadou,
en vers de Villon
en ver dans la pomme.
S’il faut du son
dans mon silence
de l’avoine dans ma tête
du rire dans mes yeux
qu’on me traduise en pleur
en nuage de rêves
en cheval au galop
en murmure de source
en grosse bûche d’érable
ou en fétu de paille.
S’il manque une musique
à mes maigres bagages
qu’on me traduise en pluie
en guitare en cigale,
en coffre de jouets
oublié par la vie
qu’on traduise mon bruit
en opus de Bach.
S’il faut une basse-cour
à mes coquilles vides
qu’on me parle en oiseau
éclairé par le ciel
qu’on traduise ma voix
dans la langue des chiens
qu’on accroche l’amour
à mes grelots déserts
qu’on me traduise en miel
dans l’espoir des abeilles.
Je ne veux pas rose
qui n'aurait pas d'odeur
pas d'épines pas de sang
Je ne veux pas de prose
dans le rire des enfants
Je ne veux pas de pose
dans le sang noir du doute
Je ne veux pas d'un homme
qui n'aurait pas de peine
pas d'épaules pas de cœur
Jean-Marc Lafrenière