Dientes de flores, cofia de rocío, Voy a dormir, nodriza mía, acuéstame. Déjame sola: oyes romper los brotes… para que olvides… Gracias. Ah, un encargo: | Dents de fleurs, coiffe de rosée, Je vais dormir, ma nourrice, berce-moi. Laisse-moi : écoute se rompre les bourgeons… pour que tu puisses oublier… Merci. Ah, une requête : |
"Fille d'un industriel-brasseur argentin, née à Lugano, elle arrive avec ses parents à l'âge de quatre ans en Argentine. Alfonsina Storni devient comédienne et auteur. À 24 ans elle publie un premier recueil "Écrits pour ne pas mourir".
Souvent définie comme féministe au pays du machisme, elle est à la fois institutrice pour enfants attardés, égérie des bibliothèques populaires du Partido Socialista de Buenos Aires, et journaliste sous le pseudonyme de Tao Lao. Dès 1920 elle côtoie Borges, Pirandello, Marinetti, et rencontre Federico García Lorca.
La poésie de la dame brune se voile d'une douce et terrible noirceur, jusqu'à se laisser presque toute envahir par deux images incessantes : la mer et la mort, la mort et la mer, leitmotiv d'une inondation lente et inexorable des flots noirs, de "Frente al mar" (1919) à "Un cementerio que mira al mar" (1920), ou encore "Alta mar" (1934), et jusqu'au rêve prémonitoire "Moi au fond de la Mer". C'est ainsi d'ailleurs, qu'atteinte d'un cancer, Alfonsina Storni s'installe pour la dernière fois dans un hôtel de Mar del Plata en octobre 1938, et se suicide comme dans ses poèmes.
Ce tragique suicide inspira la chanson Alfonsina y el mar."