BRILLER LES YEUX

Rien n'est tout à fait perdu
Quand on fait encore
Briller les yeux d'une femme

C'est la femme qui a inventé Dieu
Lui a pris sa lumière
Moulé son buste
Dans la glaise
C'est elle qui a inventé l'Eden
La pomme, la figue
L'arbre de connaissance
L'art de dire je t’aime

C'est elle qui l'a foutu dehors
Le laid phallus, le rognon blanc
Le chasseur-pêcheur qui a
Tout de suite fait des armes
Qu'il a retournées contre elle,
Contre lui
Qui n'a jamais eu de pause
Dans la sauvagerie

Rien n'est tout à fait perdu
Quand on fait encore
Briller les yeux d'une femme

Les yeux de l'Homme ne brillent pas
Ils sont ternes comme la mort
Ou injectés de sang
Il est sourd au bruit des armes
Il n'a pas de nez pour la rose
Ni de lèvres pour la peau
Il prend par derrière pour
Ne pas voir, se percher

Rien n'est jamais tout à fait perdu
Quand on fait encore
Briller les yeux d'une femme

L'Homme est un sous produit
De la Femme,
Un animal qui n'a pas d'âme
Sous les habits de guerre et d’église

C'est une racaille
Il massacre au Bataclan
A la Saint Barthélémy
Les mariés républicains
Jetés ligotés à la Seine
C'est lui.
Tuant tous les Cathares
Même les siens
Laissant à Dieu le soin
De faire le tri.

Plus sa science progresse
Plus le massacre est de masse
Il n'y met plus le
Poignard ni le sabre
Mais la poudre et l'atome.

Rien n'est tout à fait perdu
Quand on fait encore
Briller les yeux d'une femme.

Jean-Claude Mahy