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fourmis grouillant sur mes bras ivres


Ô fourmis grouillant sur mes bras ivres
vous avez laissé Van Gogh s’asseoir dans un champ
de maïs
et se retirer du monde
avec un fusil de chasse,
fourmis grouillant sur mes bras ivres
vous avez poussé Rimbaud
au trafic d’armes, fouinant dans les rochers
pour de l’argent,
Ô fourmis grouillant sur mes bras ivres,
vous avez envoyé Pound à l’asile
et poussé Crane à se jeter dans la mer
en pyjama,
fourmis, fourmis, grouillant sur mes bras ivres
à l’heure où nos écoliers scandent le nom de Willie
Mays
à la place de Bach,
fourmis grouillant sur mes bras ivres
sous l’emprise de la boisson j’essaie d’attraper
des planches de surf, des lavabos, des tournesols
et la machine à écrire tombe de la table
à la manière d’une crise cardiaque
ou d’un taureau mis à mort
et les fourmis entrent dans ma bouche
et descendent dans ma gorge,
je les fais passer avec du vin
et remonte les stores
elles sont sur le grillage de la fenêtre
elles sont dans les rues
escaladant les clochers
et les carcasses de pneus
cherchant quelque chose d’autre
à manger.

 

Charles Bukowski

"Sur l’alcool"
Édité par Abel Debritto
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Romain Monnery

Tag(s) : #Charles Bukowski, #fourmis, #alcool
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