Petit café. jambes très serrées. les gens tout autour. ça parle de tout de rien de rien du tout.
Mais le bruit. le bruit sans fin du vide. quelqu'un écoute -t-il? café et ce froid entre peau et laine, ce truc qui court entre des couches et me rétrécit, feutre d'impuissance. je ne me réchauffe pas. je me retrousse. l'esprit rentre sous les doublures. je retourne au ventre essentiel.
Et soudain, qui tombe avec le lait dans le noir, cette sensation palpable du mal de vivre. un flou partout dedans dehors mais là, à ce moment précis, le clair tranchant savoir de n'être non seulement pas à ma place mais de ne l' avoir jamais été.... ai-je vraiment fui mon état de faussaire, la duperie évidente, si convaincue d'aller vers le vrai? l'ai-je un jour fait? et réussi...?
je me retrouve là, en cet instant de tea-room, avec cette identique sensation bancale, l'inconfort de tenir le pied en l'air, l'entre ballant des apatrides. je mets le doigt sur ce sentiment coupable qui fait que toujours vous poursuivent les devoirs pas faits, les lâchetés, les inconstances notoires, cette difficulté d'attache, la fuite à nouveau , toujours.. je reconnais ma douleur, plus virulente encore comme s'il importait maintenant de me rendre , -oh mais quelle urgence en effet-, à ma place, à cet endroit qui ferait que la vie était donnée pour cela... défaire le puzzle aux pièces débridées rendre mes tickets de transport, céder enfin à la vie.
mais cette conscience n'annihile nullement l'ostracisme qui me régit... en moi plus épaisse encore maintenant cette évidence, au goût d'arabica, que je ne toucherai jamais mes racines. est-ce pour cela la poésie...
AnnaJ (voir son blog)