Je suis passée devant une fenêtre fermée
à la poignée dévorée de poussière.
J’ai vu Pénélope
en train de tisser sa toile de longue attente.
Je voudrais qu’elle arrête
qu’elle se calme
qu’elle se lave
qu’elle se parfume
pour prendre une tasse de café à la cafétéria
ou qu’elle aille au cinéma
qu’elle lise un livre
ou qu’elle se rendre chez le coiffeur
pour changer de coupe.
« Il ne viendra pas », lui ai-je dit.
« Sors, Pénélope
souffre, aime, chante, danse, soûle-toi,
tes seins vont se vider
tes cheveux vont neiger
tes eaux vont se dessécher...»
Mais elle a continué.
Sourde aux appels de la vie,
prisonnière du mythe.
Maram Al-Masri (Les âmes aux pieds nus) Editions Le Temps des Cerises