Écoutez, ô sages, mes paroles,
et qu’un avisé m’entende,
Je vous dirai mon infortune
et peut-être qu’ainsi mes forces reviendront ;
Je parlerai pour l’Étude et me lamenterai
de sa disparition dans mon pays,
de ce que la brillante étincelle de mon peuple
se soit cachée dans un nuage du ciel ;
ceux qui quêtaient les paroles de mon époux ont disparu,
comme la sagesse des vallées de mes savants,
les portes de la compréhension se sont refermées,
mes sentiers et chemins de traverse sont ignorés ;
cette génération désolée ne connaît aucun guide
et je pleure sur mes jours en ce monde.
Cette situation est accablante,
et les tracas me submergent.
mais fermement je garde les piliers de la terre
et par mon jugement j’établis les lois ;
et je transmets les visions des prophètes –
étude et prière dans ma région –
bien qu’ils me raillent dans mon embarras
ajoutant douleur à mon châtiment ;
ils m’ont laissée sans rien et m’ont arrachée
robe, cape et manteau ;
J’ai appelé « Ayez pitié, mes amis,
car mon malheur est grand, assurément…»
Vers qui me tourner parmi les saints,
sinon vers mes guérisseurs, les nobles ;
Vous qui êtes justes ayez pitié –
c’est pour la parole du Seigneur, du Rocher, mon Maître,
non pour mon bien-être ou ma gloire
que je pleure et gémis devant vous ;
pas même pour les besoins de ma maisonnée,
ni pour mes vêtements ou ma nourriture –
mais pour que survive la maison des étudiants,
où ma force n’a jamais manqué.
Pour la Loi je rassemblerai mes forces
pour cela le feu brûle en moi,
Je relèverai les bâtiments en ruine,
et ôterai tout ce qui me fait obstacle.
Devant cela, que chaque savant frémisse,
que l’homme sage tremble de ce que j’ai à dire :
cela ne fait pas de différence qu’un homme riche ou pauvre
envoie le baume sur mon âme et mon cœur ;
Je n’ai personne pour me protéger,
ni frère ni parent pour me sauver.
Vers les nobles d’Israël j’élève ma voix,
vers les collines de leur secours je crie :
Nombreux sont ceux qui affrontaient la mort et que vous avez sauvés
délivrez-moi maintenant de mes chaînes.
ne laissez pas s’en aller la braise de ces montagnes,
cette étincelle dans la plus pure de mes pensées
et que son nom croît ainsi dans un lieu désert
où ne survivra que mon corps.
Devant mes larmes ne restez pas impassible,
et ma chair se réjouira dans les délices.
Je travaillerai de toute ma force,
j’en fais le vœu écrit
et la force de votre mérite atteindra le ciel,
plus haut que les sommets de mes tours.
vos noms seront gravés dans les hauteurs,
la mesure de votre gloire s’élèvera dans la puissance.
Si mes étudiants doivent se disperser,
quel sens auront mes jours et mes nuits ?
Ainsi, Ô pieux, écoutes
et vous, hommes justes, entendez-moi…
La « Supplique d’Asenath » a été publiée dans une anthologie bilingue hébreux-anglais (Shirley Kaufman, Galit Hasan-Rokem,Tamar Hess. Hebrew Feminist Poems from Antiquity to the Present: A Bilingual Anthology ) Asenath Barzani fut la première femme Kurde juive à avoir exercé des fonctions religieuses et savantes de Rabbin et la première poétesse en hébreux « moderne ».