Où es-tu ?
est-ce à nouveau l'errance ?
Faute de terre
le fleuve épouse la mer
dans l'ensablement des âmes
ici ou ailleurs
la marche est notre danse
à user sur les chemins de notre parcours
brandisseur de foudre, dis-moi
éclaire-moi ma rumeur
est-ce à nouveau l'errance ?
pour quelle énigme à résoudre sous le murmure ?
pour quelle réponse
de l'Homme
à l'Homme ?
où es-tu ?
bois de fer bois de terre
rien de si vrai n'évoque ton nom
ici la terre
regarde
c'est elle, un vrai bonheur...
la terre qui chante par salves
te réjouissant de sa vigueur
de nuit en rêve de jour
de jours semblables aux nuits
avec des mots
avec des mots qui coulent
comme fleuve allant vers la mer
des mots qui savent
des mots qui sauvent
des mots qui soufflent
toujours
aux sources du souffle
toujours
à l'horizon de l'arbre
l'arbre de la parole
aux racines de l'arbre
au tronc d'arbre hors de faille
vertical comme ton nom
immobile comme ton histoire
et ta voix au bord de la prophétie
inépuisable comme une
montagne
ouverte en son sommet
profonde en son socle
mère des montagnes
où es-tu ?
est-ce à nouveau l'errance ?
la nuit tout entière me parle
à l'heure des lunes étoilées
la nuit me parle
au cri d'instinct fraternel
et tu n'y es pas
mon souffle s'enivre comme une fumée
dans la brûlure de mes poumons
et tu n'écoutes pas
Mwènè Gabriel Okoundji
extrait du recueil Vent fou me frappe