Je crache sur la braise incandescente des lilas
Avec le petit frère Arthur qui (pour cause de grande mise en herbe additionnelle) n'est pas là !
Je piétine des eaux, belles comme des flammes
La flache, où galvaudaient les pas du doux infâme.
Toute la nuit, les rossignols ont déliré dans les jardins
Mêlés au sourd soleil des fumiers et des chiens.
En dépit de leurs chants, frais comme la rosée
Ils piquent le cadavre et la chair avancée.
Je pense, en me tournant, que je suis bien pareil -
Arthur aussi faisait de la charogne un miel -.
À contre-ciel, la lune effrange la Belgique
Gardée par un cordon de douaniers et d'anémones
Les premiers ont le cul d'un beau bleu métallique:
Ils marchent, savourant la tige de leur pipe.
Les autres sont tombées du vent, comme une aumône
Qui intéresserait la mousse, et puis personne.
À quelques pas, dans les ruisseaux à sangliers
Une truite qui dort reflète un peuplier.
Ah ! le spectacle spectaculaire de ces Ardennes
Où le museau des vents renifle les forêts
Où de l'or et du noir dans la lumière traînent
Accrochant du brouillard au printemps qui se fait
Et que dire d'Arthur endormi sur la scène
Sur le drap du feuillage et dans le lit du frai ?
Luc Bérimont