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à Lou Le Caballec
Équarri dans la lumière éternelle
j'exhibe mes deux sous de raison
j'écoute le chant énergique des lavandières
l'azur est l'orbe atmosphérique du soleil
lorsque la nuit m'arrache les paupières
je gis dans un cercle tracé par la ronde des fées
ma mémoire s'étoile de tâches d'encre sur la page blanche
dieu est un petit monsieur acerbe calculateur
dont j'ai volé le gousset incrusté de diamants
ma femme a une allure folle lorsqu'elle s'avance seins nus
à contre-temps en chantant et en courant vers mes bras grands ouverts
dans les rues de ce Paris que j'ai tant aimé et dont je sais toutes les agonies
ainsi que les reniements au-dessus du charnier des innocents du mois de mai 1871
J'exulte parmi les feux de joie du futur
je suis cet homme qui ne se retourne que dans la tourmente
lorsque l'espoir d'un monde meilleur qui fait tourner les têtes folles
demande pardon pour tous les crimes commis en son nom
Je n'ai plus grand chose à offrir aux questionneurs de la Rose des Vents
sinon ces quelques mots lesquels aujourd'hui ne signifient plus grand chose
Ma maison est une ruine parmi un champs de blé de coquelicots et de bleuets.
André Chenet, In “Poèmes de la jeunesse retrouvée”