Des muscles de dix-sept ans se bercent dans mes reins,
Et l’horizon n’a pas encore ébréché mes yeux,
Je charge le Printemps sur mes épaules
Et le transporte jusqu’à mon cœur.
Je suis assez fort pour traîner le joug de mon Intemporalité
Et le poids de mes soupirs
Ne fait pas fléchir mes genoux.
Je dissimule en moi des cracheurs de feu,
Mais mes lèvres triturent le chagrin de rimes amères,
Mes pieds écrasent un monde de pyramides,
Et l’âme vertigineuse du Soleil infini
Entoure ma tête qui frôle le ciel.
Les plaies dégouttent de mes poings serrés
Et je sais encore m’écrouler avec humilité
Sur la tombe de ma mère couverte de mauvaises herbes.
Attila József
(poète hongrois né le 11 avril 1905 à Budapest
et mort le 3 décembre 1937 à Balatonszárszó)