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Derrière la grille en fer, ce n'est pas le Jourdain
Qui d'eau sourde arrose le petit jardin.
C'est un instant d'air frais du matin
C'est une brume douce qui court sur la mousse
C'est le chant muet de l'herbe qui pousse.
Derrière la grille en fer pas d'Abel, ni de Caïn
Non plus de serpent siffleur ou de malin
Mais le soir juste avant l'heure bleue
Une ombre d'oranger hante l'are sablonneux.
Offrande au pied de l'arbre d'ici
Un chantepleure d'argile s'oublie
Et goutte, et nourrit le fruit
Caché, qui doucement éclairé mûrit.
Son humble office est accompli.
La drupe a nom un secret ineffable,
Derrière la grille en fer envolée,
Un oiseau rebelle a gobé la baie et la fable.
Une huppe commit ce péché éternel
Piqua du bec son plaisir à la volée
Et d'un coup d'aile fuit le ciel.
S'ensuivit le chaos du monde, le grand branle-bas,
Gog et Maggog , le haut comme le bas.
Mais, toujours, au delà du fer voilé
Irrigué d'ombre et de silence retrouvé
L'enclos garde en secret l' arbre de vie.
Pierre Delcros