Un homme est là
Derrière moi
Discret et silencieux
Je le devine comme une ombre
Un souffle une intuition
Mais je n’ai pas peur,
Aucune appréhension
Figée
Les mains posées sur le rebord du lavabo
Je sens son regard caresser mon dos
encore humide,
Un regard douloureux
Comme un adieu nécessaire
D’une tendresse ultime
Qu’ai-je fait !
Femme outragée
Animus blessé
Pendant combien de temps ai-je cautionné ce massacre ?
Enduré ce simulacre
De mon identité sublime
Au fond
Toi qui ne voulais pas mourir
Qui survivais dans ce carcan
Défigurant le souvenir
De mes rêves d’enfant
Prince charmant
Prisonnier des chaînes de ma survivance
Toi mon alter ego
Victime des blessures de mes premiers balbutiements
Constat navrant et sans appel
A l’automne de mes jours
Je ramasse à la pelle
Les vestiges d’une défloraison
Mes amours assassinés
J’entends mon sang qui cogne
Dans ma tête et dans ma gorge
Comme une horloge
Un tic tac en écho
Ton reflet éthéré
Aux contours incertains
Sur le miroir sans tain
Me laisse entrevoir
Un espoir
De retrouver enfin
Tout ce que j’ai perdu
De prétentions insaisissables
Avec l’ennui pour seule victoire.
J’ai tressailli quand il s’est pressé contre moi
Ses mains refermées sur mes seins
Fermement
Mais tendrement
La rigide délicatesse
De son sexe
Sur mes fesses
Me surprend
Un peu crispée j’ai demandé:
« Qu’est ce que tu fais ? »
Doucement il a murmuré:
Lilith
- voir son blog : "Déraisonnable imaginaire"