Dans le village des mères
Les journées tiennent dans un seau d’eau
Les puits réservés aux morts qui éclaboussent
les murs de leur silence de suie
Fatiguées d’essorer un temps humide
Les femmes s’adossent à l’air
S’adossent aux arbres entravés où les abeilles
font leur miel entre résine et sueur
Les femmes du village des mères partagent
leur fatigue avec les vents charpentiers
Elles redressent les maisons renversées
par les enfants maladroits
Quatre hivers en un répètent-elles en direction
des quatre points cardinaux
Un temps à ne pas mettre une maison dehors
Seuls les chemins sont libres d’aller là où ils veulent
Dans le village des mères
Vénus Khoury-Ghata