C'est le coeur. La valve. Le reflux.
Même respirer ça fait bizarre. Mais rien qu'être, déjà, ça fait bizarre.
Tout d'un coup, ici est Là. Ça fait drôlement mal de battre de l'aile quand l'air se retire.
L'abîme du dedans percute l'horizon et ça fout le vertige, sacrément. Cul par dessus tête.
Le regard, pierre tranchante, s'aiguise du lointain qu'il ouvre en battant de l'aile : saigne alors tant de ciel que ça pleut dans le corps.
Ailleurs immédiat. Franchissement pur à chaque soudain. Là. Dressé, le souffle, offrande seule.
De solitude à solitude (et là seulement) rien est tout.
L'axe du monde est foudre vive. Le regard est partout comme flèche vibrant dans l'espace sans cible. Noble silence que celui de naître à nouveau. Limpide, pulse l'éternité crue. Trop nue pour être sue. Écoute (écoute bien) : le regard clos de l'amie, en ce rien suspendue. Toute.
Battre dans rien, de cette aile enclose, la vulnérabilité devient pur élan.
D'ici-là, le tambour dit l'irrémédiable.
Rappelle qu'il est temps, verticalement. En instance d'instant. Qu'il n'est plus temps. Ne plus savoir, c'est nu. Comme un vers, sans envers. Sans rime ni raison. Orphelin de verbe. "C'est le coeur "... Le coeur. Oui. L'imminence absolue. Il y a flux et reflux. Pour le sang. Pour les siècles. La fin du monde est le miroir du temps et pourtant, le dernier jour est un jour comme les autres. Sans prévenir, discrètement, les mots s'aiguisent au revers des jours, et soudain tranchent dans l'épaisseur de tout. Le poids du monde ?
Écoute voir : un oiseau dormant là, dans ma chair.
- Dominique Bertrand - Montreuil le 29/30-01-2015 -